














Von unseren Baümen die Kerbe
Von unseren Baümen die Kerbe - De nos arbres l’entaille
Exposition personnelle au Kunstverein de Schwäbisch Hall en 2024
Sur une invitation de la ville d’Épinal.
Texte de Joël Riff pour la publication liée à l’exposition :
Claire Hannicq invente ses gestes comme on découvre une grotte. Tout est déjà là. Puis un jour, les choses existent subitement par les circonstances de sa présence, à cet endroit précisément. Son foyer est aujourd’hui une ancienne ferme lovée dans les Vosges. L’âtre est à la fois celui de sa production, de sa famille, et de sa communauté. La stabilité de cet atelier lui offre un équilibre entre l’effort à l’intérieur et la forêt à l’extérieur. Elle y trouve de l’espace au dedans et au dehors, une aisance à déployer l’amplitude de ses façonnages autant qu’une disposition à embrasser l’ampleur du paysage. Alors que certains trébuchent sur un caillou ou tombent dans un trou pour signer ensuite de leur nom une trouvaille de la nature, l’artiste touche simplement la matière de ses doigts. Pour elle, transformer le tangible, c’est éveiller la spiritualité du matériel. Son rapport à la terre s’exprime sans argile, s’aventurant vers le bois, le verre et le métal. Elle apprend parfois en ouvrant des livres, souvent en autodidacte, toujours en faisant. La marqueterie, le vitrail ou l’émail sur cuivre relèvent d’actions qu’il suffit d’exercer. C’est donc sans autorité qu’elle semble aborder la technique, préférant l’expérience au contrôle. On peut se demander s’il est possible de fabriquer quelque chose de ses propres mains sans nostalgie. Ainsi l’artiste s’oriente vers des images concrètes, narratives, à lire et à lier. Le monde tel qu’il est fait, elle cherche par ses oeuvres à le comprendre, le cueillir, avec soin le prendre.
Joël Riff, 2024