Claire Hannicq invente ses gestes comme on découvre une grotte. Tout est déjà là. Puis un jour, les choses existent subitement par les circonstances de sa présence, à cet endroit précisément. Son foyer est aujourd’hui une ancienne ferme lovée dans les Vosges. L’âtre est à la fois celui de sa production, de sa famille, et de sa communauté. La stabilité de cet atelier lui offre un équilibre entre l’effort à l’intérieur et la forêt à l’extérieur. Elle y trouve de l’espace au dedans et au dehors, une aisance à déployer l’amplitude de ses façonnages autant qu’une disposition à embrasser l’ampleur du paysage. Alors que certains trébuchent sur un caillou ou tombent dans un trou pour signer ensuite de leur nom une trouvaille de la nature, l’artiste touche simplement la matière de ses doigts. Pour elle, transformer le tangible, c’est éveiller la spiritualité du matériel. Son rapport à la terre s’exprime sans argile, s’aventurant vers le bois, le verre et le métal. Elle apprend parfois en ouvrant des livres, souvent en autodidacte, toujours en faisant. La marqueterie, le vitrail ou l’émail sur cuivre relèvent d’actions qu’il suffit d’exercer. C’est donc sans autorité qu’elle semble aborder la technique, préférant l’expérience au contrôle. On peut se demander s’il est possible de fabriquer quelque chose de ses propres mains sans nostalgie. Ainsi l’artiste s’oriente vers des images concrètes, narratives, à lire et à lier. Le monde tel qu’il est fait, elle cherche par ses oeuvres à le comprendre, le cueillir, avec soin le prendre.
Claire Hannicq entwirft ihre Handlungen, als würde man eine Höhle entdecken. Alles ist schon da. Dann, eines Tages, existieren die Dinge plötzlich durch die Umstände ihrer Anwesenheit, genau an diesem Ort. Ihre Wirkungsstätte ist ein alter Bauernhof in den Vogesen. Der Ofen ist gleichzeitig das Zentrum von Produktion, Familie und Gemeinschaft. Die Konsistenz dieser Situation zwischen Arbeit und Leben schafft eine Balance zwischen der Konzentration im Inneren und dem Wald draußen. Hier findet sie Raum nach innen und nach außen, eine Leichtigkeit, die Spanne ihrer Formgebung zu entwickeln, und eine Bereitschaft, die Weite der Landschaft zu reflektieren. Während andere über einen Stein stolpern oder in ein Loch fallen, um dann einen Naturfund mit ihrem Namen zu signieren, berührt die Künstlerin das Material schlicht mit ihren Fingern. Für sie bedeutet die Transformation des Greifbaren, die Spiritualität des Materiellen zu erwecken. Um ihre Beziehung zur Erde auszudrücken, greift sie nicht auf Ton zurück, sondern wagt sich an Holz, Glas und Metall heran. Den Umgang damit erlernt sie mitunter, indem sie Bücher aufschlägt, oft als Autodidaktin, immer im Handeln. Einlegearbeiten, Glasmalerei oder emaillierte Kupferarbeiten sind prozesshafte Vorgänge, die sich in der Ausübung begreifen. Sie tastet sich ohne Autorität an die Technik heran und zieht die Erfahrung der Kontrolle vor. Dabei kann man sich fragen, ob es heutzutage möglich ist, etwas mit den eigenen Händen herzustellen, ohne nostalgisch zu werden. Die Künstlerin orientiert sich an konkreten, narrativen Bildern, die gelesen und verknüpft werden können. Die Welt, wie sie existiert, versucht sie mit ihren Werken zu verstehen, zu ernten, mit Achtsamkeit anzunehmen.